« Avec ta peau de blonde, tu es bonne pour l’épisio. »

Dans l’article « 44 %, l’épisiotomie ou la violence médicale banalisée » de la revue Panthère Première, l’auteure nous montre que « l’obstétrique définit peu à peu la naissance comme un processus à prendre en charge à la façon d’une pathologie. », justifiant par ce biais une médicalisation automatique de plusieurs actes violents pour le corps et l’esprit de la femme qui accouche.

Si l’article se concentre principalement sur l’épisiotomie, il permet aussi, par les références citées, d’explorer les autres pratiques automatiques et non nécessaires de la médecine obstétricale telles que l’injection d’hormones accélérant le travail ou encore « l’expression abdominale », toujours pratiquée en certains endroits.
Cet article permet alors non seulement de prendre la mesure de ce qui est imposé à la femme qui accouche, mais aussi de s’intéresser aux différents moyens de lutter contre.
Il référence ainsi le site Ciane, collectif constitué d’associations françaises concernées par les questions relatives à la grossesse, à la naissance et aux premiers jours de la vie. Le site permet une information sur les pratiques non obligatoires voire dangereuses ainsi que sur les moyens de s’y opposer.

Je retranscris ici un extrait de l’article de Panthère Première1. Vous pouvez le lire en entier en vous procurant la revue, toutes les informations se trouvent ici.

ILLEGITIMITE DE L’EXPERIENCE DU CORPS FEMININ
« [C]’est aussi la banale persistance d’une technique. Le manque de considération pour l’expérience des parturientes, qui prévaut dans le milieu médical, repose sur l’assurance d’un savoir-faire légitime chez les professionnels. Il transparaît dans les soupirs de certain-es médecins et sages-femmes lorsqu’est soulevée la question du consentement, rarement sollicité dans le cas de l’épisiotomie2. Plus généralement, les femmes enceintes sont très peu, voire pas informées de cette pratique. Avec l’accouchement, les ressorts de l’expertise médicale – primauté du savoir scientifique, intimidation, rituel – sont poussés à l’extrême. S’il est des cas de complications justifiant l’usage de protocoles fondés prioritairement sur le savoir médical, la conception pathologique du corps de la mère (incapable d’expulser seul) et, dans une certaine mesure, de l’enfant s’exprime avec force dans de nombreuses maternités classiques, y compris pour les accouchements qui se déroulent bien. Si l’on aura compris que l’enfant doit rester le moins de temps possible dans le corps « dangereux » de la mère, le vocabulaire concourt lui aussi à établir une atmosphère dramatisée. L’usage des expressions « détresse fœtale » et « souffrance fœtale », qui justifie souvent l’accélération de l’expulsion, est jugé abusif par certain-es obstétricien-nes. Ces expressions recouvrent en effet une grande diversité de situations qui ne correspondent pas toujours, pour l’enfant, à un état de santé dégradé. Cette « souffrance » et cette « détresse » sont déterminées en fonction de mesures (principalement celle du rythme cardiaque fœtal) considérées comme alarmantes au-delà de seuils fixés de manière conventionnelle – ils sont constamment discutés dans le champ de la recherche médicale. Utilisés comme norme pratique sans être ajustés aux singularités de l’accouchement, ces critères deviennent arbitraires. Ce faisant, ils contribuent à établir un bon scénario et à rendre indiscutables le dispositif d’accouchement en vigueur et ses contraintes. Ainsi, tout au long de la chaîne de la naissance standardisée, la technique médicale réduit des menaces qu’elle contribue à agiter.
Parmi ces menaces, la douleur de l’enfantement est présumée inévitable, y compris hors du milieu médical : si ce n’est pas pendant les contractions, ce sera lors de l’expulsion ou après. »

Sur l’obstétrique et la question précise de l’accouchement, vous pouvez lire également :
Le chœur des femmes, de Martin Winckler, 2017
Le mal joli, Accouchements et douleur, de Claude Revault d’Allonnes, 1976

1. La revue Panthère Première, numéro 1, automne 2017 : Dans ce premier numéro, alors que les pelles mortes se ramassent à la feuille et que le duende andalou s’invite dans nos pages, on sortira des marins du grand bleu et de l’oubli, on suivra des contrebandières dans les ressacs de la chute du bloc soviétique, on marquera un arrêt dans la salle télé d’un HP, on éprouvera le dilemme de femmes prises en étau entre féminisme blanc et anti-racisme viril, on servira le déni au dîner le temps d’un dimanche familial et fleuri, on coupera la chique à ceux qui tranchent les vulves pendant les accouchements, on écoutera les témoignages des récents massacres mexicains, on s’attardera en images sur la guerre Iran-Irak, on mangera des broussailles par la racine, on chantera ensemble, main dans la main, « Que je t’aime, que je t’aime, que je t’aime... ! » et le moment venu – roulements de tambour et lever de rideau – on pénétrera dans QUIPROCLASH, l’univers des paroles déplacées à la sauce Panthère, celui des langues déliées et des langues mordues, et il y en aura pour tout le monde, petit·es et grand·es, esclaves sous l’Inquisition, psychanalystes et dissident·es chinois·es !

2. Voir l’enquête du Ciane à ce propos. L’épisiotomie est pourtant concernée par l’article L1111-4 de la loi Kouchner du 4 mars 2002 qui stipule qu’« aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne, et ce consentement peut être retiré à tout moment ».

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