Janvier 1994, mort d’Ibrahim Sy à Rouen

En janvier 1994, Ibrahim Sy mourait dans le quartier des sapins à Rouen. Le jeune sénégalais de 18 ans avait été tué d’une balle dans le dos après avoir forcé un barrage de gendarmerie le 26 janvier 1994 au Val de Reuil. Faisant suite à une très longue liste de tués par la police ou la gendarmerie. De 1980 à 1990, 74 personnes avaient en effet été victimes des forces de sécurité ; il s’agissait le plus souvent de jeunes venant de l’immigration, et de circonstances similaires. L’année précédente par exemple, Makomé M’Bowole mourait à 17 ans, en garde à vue, d’une balle dans la tête. Eric Simonté, mourait à 18 ans, de la même façon : le policier, son arme de service à la main, tentait de lui passer les menottes lors d’une interpellation en flagrant délit pour vol de pneus. Celui-ci, bien noté par ses supérieurs, fut inculpé d’homicide involontaire, placé sous contrôle judiciaire et suspendu par le ministre de l’Intérieur. C’est dans ce contexte d’assassinat à répétition qu’intervient la mort d’Ibrahim Sy.
Une manifestation est alors organisée sur le lieu du drame. Cependant, quand les manifestants rentrent chez eux, la police boucle le quartier. L’effet est immédiat : commencent alors trois jours d’émeute. Ces événements sont fortement réprimés, et une réaction institutionnelle se met en place. Les autorités locales font une série de mesures sur l’emploi, une mairie annexe est créée, le préfet demande même aux habitants du quartier et à la famille de « faire confiance à la justice ». Des mesures pour calmer le quartier au moment où les émeutes commencent à se généraliser dans les autres quartiers de Rouen.
Depuis… Bien sûr il n’y a jamais eu de procès contre le gendarme qui a assassiné Ibrahim et le nombre de morts est de plus en plus important. De 2000 à 2014, 126 personnes sont tuées par les forces de l’ordre. Or, celles-ci sont aidées par un arsenal de plus en plus important et par un panel juridique qui leur permettra, dans quelques jours, notamment de tirer sans être en situation de légitime défense. Cela s’appliquera également aux douaniers, aux militaires, déployés par exemple dans le cadre de réquisitions liées à l’opération antiterroriste "Sentinelle". Ce projet de loi prévoit également l’anonymat des policiers et gendarmes « en cas de danger pour eux ou leurs familles » et le doublement des peines encourues en cas d’outrage, les alignant sur celles prévues pour les magistrats.
En juillet 2016, Adama Traoré est tué au commissariat de Beaumont-Sur-Oise. Après plusieurs mois d’une campagne médiatique offensive et mettant à mal les versions de la gendarmerie, deux frères d’Adama Traoré sont incarcérés, mettant en évidence les liens étroits entre la police et la justice dans une des affaires les plus politiques liées à la mort d’un jeune de banlieue ces dix dernières années.

Opération « Sentinelle » : L’opération Sentinelle est une opération de l’armée française déployée au lendemain des attentats de janvier 2015, pour faire face à la menace terroriste et protéger les « points » sensibles du territoire. Elle est renforcée lors des attaques de novembre 2015.

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