Nasse pour la justice et la dignité

Rouen dans la Rue et le Mouvement des Lycéens Rouennais appelaient à un nouveau rassemblement le samedi 4 mars. Proposition fut faite à différentes organisations rouennaises de se joindre à l’appel. En vain. Il y aura donc deux appels, l’un annonçait comme pacifiste et qui se dispersera au premier « débordement », et un autre, présenté comme « musclé » et « plus pêchu » dans la presse. La manœuvre est claire et l’étau est d’abord politique avant d’être policier : diviser la contestation, adouber une de ses formes et criminaliser les autres.

Le premier dans la journée est organisée par un collectif qui regroupe les syndicats et les organisations de gauche rouennais (CGT, SUD, NPA, etc.). Dans les journaux et sur les appels, ceux qui n’avaient pas trop réagi à la multitude des arrestations prennent soin de préciser que la marche sera pacifique et parlent d’humanité et fraternité : ils veulent à tout prix échapper aux affrontements. Et l’idée ne viendrait à personne de dire qu’ils avaient fait preuve de lâcheté en l’affaire. 150 personnes. Deux prises de paroles. Une petite marche pacifique dans Rouen et puis s’en vont..

Puis vient le second rassemblement, celui que la presse présente comme musclé. Celui auquel tous les jeunes se rendaient depuis le début du mouvement. Pour ce second rassemblement, il faut bien le dire, jamais Rouen n’avait vu un tel déploiement policier. Les rumeurs de la matinée se confirme. Des gendarmes mobiles et des CRS sont postés dans les rues adjacentes : 200 sans doute. Des baceux fourmillent. Deux canons à eau – une première à Rouen, des grilles anti-émeutes et deux hélicos selon Alliance. La préfète tout juste débarquée de Loire Atlantique (big up aux Nantais) met les moyens. C’est un dispositif pour contre-sommet sans contre-sommet ni sommet. La veille elle s’était émue dans la presse locale : « À Rouen, on a constaté qu’il y a eu une convergence entre l’ultra-gauche et des jeunes de quartier ». Hantise.

Au regard des moyens déployés on mesure à quel point la peur est grande. Mais à peine 200 personnes se sont déplacées. Les arrestations précédentes, le dispositif policier, la communication des jours derniers ainsi que les autres opérations de pacification ont fait leur effet.

Après la lecture rapide d’un texte, une banderole se déploie, quelques fumis craquent, et des feux d’artifices sont tirés vers le ciel. Il n’en faut pas plus. Il ne sera pas dit que le canon a été sorti pour rien. Première douche à laquelle répondent des doigts rageurs. Les issues sont bloquées. La nasse se profile. On nous propose une voie de sortie. C’est une ruse pour déplacer la nasse loin de cette artère commerçante.

Nassés à 80, 200 m plus loin sur un immense boulevard, encadrés par deux canons à eau, des grilles anti-émeutes et des cordons de gendarmes. Encore un petit coup de canon pour la forme. Quelques baceux en civil se prennent aussi la douche. Pas une pierre n’a volé. L’humiliation semble partagée. Tant de moyens pour ça. C’est presque un trop grand honneur. Nous sommes finalement exfiltré un par un. Contrôle d’identité et photos à la clé. Les flics mettent la pression pour provoquer des outrages et en profitent pour balancer leur petites crapuleries.
Trois arrestations.
Pire manif du monde.

Comme dans d’autres ville la puissance d’appel des forces autonomes s’est vérifiée. Il a fallu la mater. A Rouen, comme ailleurs, des jeunes de quartiers ont tenu à faire savoir à la police ce qu’ils pensaient d’elle. Il a fallu les mater.

Et toujours ces sempiternelles organisations de gauche pour appeler au calme, pour dénoncer les violences ou au mieux s’en démarquer nettement. Pour regretter qu’il manque un sens politique à cette colère. A qui en fait il faudrait une autre jeunesse, prompte à se fondre dans l’ennui militant que déserte précisément presque toute la jeunesse. La moyenne d’age du premier rassemblement en atteste. Mais nous ne sommes pas contre les vieux, nous sommes contre ce qui les fait vieillir. Nous comprenons aisément que c’est dur pour le NPA de trouver ses 500 signatures. Et nous trouvons déplorable aussi le traitement médiatique qu’on réserve à Poutou. Nous suivons aussi avec humour les mésaventures du peuple de gauche partagé entre Mélenchon et Hamon, comme celle du plus honnête des candidats de droite.

Pour notre part, nous avons la force et la faiblesse de croire que ce n’est pas ici que se joue notre futur...

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