Quand Patrick Devedjian attaquait le campus de Rouen avec son groupe d’extrême droite

Alors que la presse nationale pleure l’ancien ministre de Sarkozy qui selon lui : « incarnait la politique comme je l’aime », il convient de rappeler qu’avant d’être au RPR puis à l’UMP en tant que ministre de Chirac et Sarkozy, il a eu une belle jeunesse dans l’extrême droite.
Dans les années 60, le jeune Devedjian rejoint avec Alain Madelin, Hervé Novelli, Claude Goasguen et Gérard Longuet, le groupe activiste d’extrême droite Occident fondé par Pierre Sidos.

En 1964, il est condamné avec d’autres membres du groupe pour port d’arme à un an de prison avec sursis.
En 1966, il participe à une manifestation à Paris contre la tenue d’une pièce de théâtre de Jean Genet, Les paravents, perçue par l’extrême droite comme portant atteinte à l’image viriliste de la France coloniale.
En janvier 1967, avec un commando d’une quarantaine de personnes venues de Paris, il attaque le comité Vietnam devant le restaurant universitaire de Mont Saint Aignan, alors qu’ils distribuaient des tracts appelant à une réunion. Bilan :une dizaine de blessés, dont un handicapé à vie et des dégâts matériels (des vitres brisées et une voiture renversée). Une dizaine d’entre eux seront appréhendés et jugés le 11 juillet 1967 à Rouen, dont Gérard Longuet, Alain Madelin, Patrick Devedjian. Ils seront condamnés à des peines mineures.

En Juin 1968 après de nombreuses actions contre l’extrême gauche, le mouvement est dissous par décret, ce qui ne l’empêche pas de continuer ses actions, notamment l’incendie et le saccage du local du Snesup ou du journal militant Action. Occident deviandra par la suite Ordre Nouveau, épaulés pour sa création par des étudiant du GUD.

En 2015, alors que de nombreux migrants arrivent en France redirigés par l’Allemagne, Patrick Devedjian sera encore capable de se distinguer en déclarant en conférence de presse :
«  Ils nous ont pris nos juifs, ils nous rendent des Arabes. » Déclaration qu’il qualifiera pour s’excuser de « boutade humoristique ».

C’est donc bien cet homme-là qui est salué aujourd’hui par la classe politique...

Chronologie de la création d’ordre nouveau

  • novembre 1969 : le mouvement est créé par une équipe d’anciens adhérents du mouvement Occident.
  • juillet 1970 : le journal L’Élite européenne affirme avoir en un an triplé son nombre d’abonnés pour arriver à 2 000 et disposer alors de plus d’une vingtaine de groupes de diffusion « dans tout le pays »
  • 15 septembre 1970 : Le groupe Pour une Jeune Europe, mené par Nicolas Tandler, qui avait participé à la fondation d’ON en 1969, et qui s’était maintenu en tant que fraction, claque la porte d’’Ordre Nouveau, l’accusant de « dérive droitière » et de se comporter en allié objectif du gouvernement. Par la suite, ce groupe apportera son soutien à des militants d’extrême gauche emprisonnés et, le 6 mars 1970, prendra même part, aux côtés des mouvements maoïstes et trotskistes, à la contre-manifestation organisée contre le meeting d’Ordre Nouveau au Palais des Sports15.
  • février 1971, Jean-Claude Nourry démissionne en dénonçant la collaboration tactique avec certains éléments du pouvoir dans la lutte contre le gauchisme16,17, il est exclu peu après.
  • octobre 1970 : ON atteint le cap des 750 militants. Gabriel Jeantet intègre son bureau politique.
  • 9 mars 1971 : meeting d’Ordre nouveau au Palais des sports, France-Soir titre sur une « Atmosphère néo-nazie ». Les gauchistes de la LCR19 « attaquent le meeting avec des boulons », selon l’ORTF20 qui montre les « contre-manifestants gauchistes qui chargent » les CRS et causent par ailleurs la blessure de 80 personnes du service d’ordre, pourtant casqué et armés de longue lances à la japonaise, avec des images de guérilla urbaine en plein Paris. L’ORTF diffuse des images où le service d’ordre du meeting a amené aux CRS un gauchistes après « l’avoir sévèrement corrigé ».
  • avril 1971 : le journal L’Élite européenne a désormais plus de trente groupes provinciaux.
  • printemps 1971 : Ordre nouveau décide, selon les RG, de confier à François Duprat, Philippe Asselin et Christian de Bongain (dit Xavier Raufer) le lancement de son propre périodique.
  • 3 mai 1971 : un grand défilé rassemblant tous les nostalgiques de l’Algérie française, qui demande à Georges Bidault de lancer l’appel, tandis qu’il prendrait en charge collages et service d’ordre. Cela permet l’accord de participation de nombreux groupements, mais le défilé est finalement interdit.
  • 13 mai 1971 : les défilés anti-ON ne rassemblent que 400 personnes à Paris et 200 dans les cinq autres villes où ils ont lieu.
  • 17 mai 1971 : ON aligne 400 manifestants dans un défilé de soutien à Minute dont les locaux viennent d’être plastiqués.
  • octobre 1971 : face à l’Union de la Gauche qui se dessine, François Duprat affirme que la prise du pouvoir par le Parti socialiste entraînerait un coup de force du PCF menant à l’instauration de la dictature.
  • 10 et 11 juin 1972 : résolution au congrès donnant naissance au Front national dans la perspective des élections législatives de mars 1973.
  • 21 juin 1973 : meeting à la salle de la Mutualité à Paris le sur le thème « Halte à l’immigration sauvage », de violents affrontements opposent la Ligue communiste d’Alain Krivine, venu attaquer le meeting, aux forces de l’ordre.
Photo : exactions du groupe Occident sur le campus de Mont Saint Aignan en 1967.

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