La colère qui s’exprime en France aujourd’hui permet de constater qu’il est possible de faire plier un gouvernement. Cela faisait plus de dix ans qu’un mouvement social n’avait pas réussi une telle percée. Cette perspective fait naître des espoirs nouveaux et des revendications plus audacieuses. Partout, les personnes qui luttent estiment qu’il faut aller plus loin. Plus encore, les combats et les révoltes se croisent et s’agrègent. Les syndicats se joignent au mouvement, les lycéen-e-s se mobilisent depuis quelques jours, les universités parisiennes votent les blocages.

Les échecs des mouvements passés laissent imaginer cette fois une possible avancée. Les motifs de mécontement chez les étudiant-e-s sont multiples et ne datent pas d’hier. La précarité, les conditions d’accueil et d’enseignement, l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiant-e-s étranger-e-s, la banalisation du recours aux forces de l’ordre sur les campus, le non respect des libertés universitaires, le non respect de la liberté de s’organiser, de se réunir librement, la dégradation de la « vie universitaire ».

Nous le voyons, la puissance des forces actuelles vient du fait qu’elle dépasse toutes les normes et tous les cadres traditionnels liés habituellement aux mouvements sociaux (syndicats, partis, modalités d’actions). Il semble qu’il soit temps également pour les étudiant-e-s de s’inspirer de cette nouvelle manière d’inventer les luttes et d’imaginer d’autres formes d’actions collectives et d’organisations.

Ces dernières années un tract circulait sur la fac, il disait : « Soyons ingouvernables ». Le mouvement actuel l’est, tâchons de suivre cette belle injonction paradoxale. L’ordre de ne pas en recevoir, une mobilisation générale, la perspective d’un futur réjouissant.

 Afin de s’approprier l’extra-ordinaire et de se saisir du présent qui nous appartient, nous, étudiants et étudiantes appelons à une Assemblée Générale ce jeudi à 10h30 et 14h (hall Lavoisier), en vue de lancer à notre tour la lutte sur les universités mais aussi de soutenir toutes celles et ceux qui se mobilisent depuis plusieurs semaines.

Les étudiants et personnels de l’université de Rouen en lutte.