Cérémonie aux Invalides, minute de silence dans les lycées, drapeaux en berne... La mort du gendarme Beltrame ne passera pas inaperçue. Du plus haut niveau de l’État jusque dans les colonnes d’un ancien quotidien maoïste, mais aussi dans le discours du chef de file de la gauche « radicale », on exalte le courage, le don de soi, le sacrifice... « Le nom d’Arnaud Beltrame est devenu celui de l’héroïsme français », déclare Emmanuel Macron. Dans Libération, on peut lire : « S’offrir pour sauver autrui, renoncer à son intérêt personnel pour préserver l’intérêt collectif, faire don de soi pour protéger le bonheur et la liberté de tous : le colonel Beltrame est mort pour nous ici bas, nos libertés ». Ce n’est plus un homme, c’est le Christ !
On prend une grande leçon de République et de la valeur de ses soldats. Cette même République qui exécute, enferme, et discrimine. Difficile d’oublier que Beltrame portait le même uniforme que les gendarmes entre les mains desquels Adama Traoré a perdu la vie. Ce sont les gendarmes, aussi, qui ont tué Angelo Garand. Les gendarmes, toujours, qui ont tué Rémi Fraisse. Les gendarmes, enfin, qui harcèlent les exilé-es aux frontières. Le sacrifice de l’un n’efface pas les crimes des autres. A travers Beltrame, l’État veut exalter la nation et ses agents armés, et faire taire les critiques internes. En cela, il est soutenu par les républicains de gauche comme Mélenchon et ses comparses, toujours prompts à s’enthousiasmer pour les hymnes militaires.
Crier « Mort aux vaches », un slogan pourtant répandu depuis plus d’un siècle dans les rangs des anti-autoritaires et ennemis de l’État, devient blasphématoire. Pour avoir déclaré « A chaque fois qu’un gendarme se fait buter, (...) je pense à mon ami Rémi Fraisse... Là c’est un colonel, quel pied ! », un militant de la France Insoumise a été condamné en comparution immédiate à un an de prison avec sursis pour apologie du terrorisme. On peut trouver dégueulasse de se réjouir de la mort d’un pandore, mais il n’est pas moins dégueulasse d’y voir un soutien quelconque à l’idéologie de celui qui l’a tué. L’unanimité est de rigueur, c’est la grande communion nationale. Fermez les rangs.
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