Il y a cinquante ans, l’usine Renault Cléon cessait le travail

Cléon, l’une des premières usines à se mettre en grève en Mai 68. Les grévistes de l’usine Renault décrivent le quotidien de l’occupation et débattent de l’accès à la culture et de la reprise du travail : les relations avec les non grévistes, la mise en pratique des droits et libertés syndicaux, la création de commissions d’ateliers succédant au comité de grève.

Le 15 juin 1968, 964 ouvriers de Renault Cléon votent contre la reprise du travail tandis que 2950 sont pour : surtout les jeunes initiateurs dumouvement qui ne souhaitent pas reprendre dans ces conditions.

En 1968, Renault Cléon est la deuxième usine à entrer en grève avec occupation, après Sud Aviation à Bouguenais, près de Nantes. Dès le 15 mai, à l’occasion d’un débrayage contre les ordonnances de la sécurité sociale, quelques centaines d’ouvriers refusent de reprendre le travail et défilent dans les ateliers.La direction, refusant de recevoir une délégation des grévistes, s’enferme dans son bureau. Dès le soir, les ouvriers décident de l’y maintenir, puisqu’elle refuse de négocier. La direction est alors séquestrée. Un comité de grève, qui s’apparente davantage à une intersyndicale, se met en place. Les ouvriers se réapproprient l’espace + le temps.
Des meetings quotidiens informent les grévistes et régulièrement, ils votent la poursuite du mouvement. Les piquets de grève sont tenus à tour de rôle par les grévistes. Des collectes sont organisées, de la nourriture parvient à l’usine. Enfin, les étudiants mobilisés et les ouvriers se rencontrent malgré l’hostilité de la CGT et du PCF.

A Cléon, ce sont les jeunes ouvriers qui « tiennent le rôle d’agitateurs » : la solidarité générationnelle avec les étudiants a beaucoup compté tant dans le déclenchement de la grève que dans la politisation des ouvriers. La répression contre les étudiants était suivie avec attention par les ouvriers. Les discussions étaient nombreuses dans les ateliers. Peu après de déclenchement de la grève à Renault Cléon, les étudiants de Rouen mobilisés, immédiatement informés, se déclarent solidaires. Ils se pressent aux portes de l’usine afin d’entrer en contact avec les ouvriers.
Au moment du meeting à la fin duquel le vote de la reprise a lieu, des ouvriers brandissent d’ailleurs une pancarte où l’on peut lire :

Non à la reprise avec des miettes / Les jeunes sont contre la reprise et soutiennent Peugeot et Citroën.

Voici un film qui donne la parole à ces grévistes de Renault Cléon.

« Cléon » Réalisation collective (1968) durée : 26 minutes.

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