Journée de mobilisation à l’école d’architecture

Mardi 22 mai, à partir de 7h, les étudiants en architecture de Rouen bloquent leur école pour une journée d’échanges, de débats et de partage pour lutter contre les conditions d’apprentissage que leur imposera la loi ELAN. On nous a transmis le message de l’une de ces étudiant-es :

Bonjour à tous.tes !

Je me permets de vous envoyer ce message, comme une bouteille à la mer, car l’architecture et son école de Normandie (située à Darnétal), sont en danger.

En effet, nous avons pris part à la mobilisation étudiante actuelle. Et si nous rejoignons nos collègues de l’université, notre mobilisation comporte en plus, deux points centraux :

D’abord, celui des conditions d’éducation et de formation à notre métier. Comme dans beaucoup d’autres écoles d’architecture, nous sommes formés.ées à produire de la VALEUR plutôt que de la richesse (intellectuelle et sociale). Notre formation ne consiste quasiment plus à produire des villes, des infrastructures ou des logements bien pensés, mais à produire des documents aguicheurs pour faire vendre à des promoteurs. De 7 ans, le nombre d’années d’études est passé à 5. Mais en 5 ans, nous sommes obligés.ées de fournir la même quantité de travail, et d’absorber la même quantité de connaissances. Ce rythme pourrait ne pas poser problème, car il permet de se caler sur la réforme licence – master – doctorat, mais aujourd’hui, on ne nous laisse même pas la possibilité de pouvoir l’arranger comme nous le voudrions, ni même de travailler à côté : présence notée, interdiction des redoublement, désaccords et non-communication entre les acteurs de l’école, etc... Nous sommes constamment sous pression, surchargés.ées de travail, et mis.ses en concurrence. Engendrant des problèmes de santé parmi les plus nombreux chez la population étudiante. Et si nous n’apprenons pas à concevoir correctement, alors l’architecture perd en qualité, et tout le monde y perd.

Ensuite, notre mobilisation concerne l’opposition à la loi ELAN. Vous n’avez sûrement pas entendu parler de ce dispositif du gouvernement, resté feutré dans le monde cloîtré des architectes. Et pourtant, si cette loi passe, nous en ferons TOUS les frais. Pourquoi ? Parce que jusque-là, la construction de logements sociaux était gérée et ouverte à des concours publics, afin d’éviter au maximum la spéculation, et de donner à de jeunes et petites agences d’architecture leur chance. Mais, entre autre, cette loi propose de soumettre la construction de logements sociaux à... Des acteurs privés et des promoteurs. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Pour les architectes, cela veut dire que l’on risque ENCORE de nous demander de travailler toujours plus vite et moins cher, avec des coûts de construction qui risquent d’être sans cesse plus bas (aujourd’hui, ils tournent autour de 900 – 1300 euros le mètre carré), pour toujours plus de surface construite. Mais les marges faites par les promoteurs, elles, ne baisseront pas. Elles augmenteront même, puisqu’elles ne seront plus encadrées. Et si les marges grimpent, alors les loyers aussi. Ainsi, les personnes les plus fragiles financièrement auront des logements plus chers et de moins bonnes qualité.

En somme, si nos études comme notre métier en prend un coup, cela touchera tout le monde, surtout les précaires. Et ce qui s’annonce là, c’est le KO technique, avec l’ubérisation de l’architecture et de ses acteurs et la financiarisation à outrance du logement social.

C’est pourquoi nous vous demandons votre aide, car nous voudrions bloquer l’école ce Mardi 22 Mai. Mais pour être entendus.es, nous avons besoin de tous les acteurs de la vie publique : la presse, les étudiants d’autres domaines, les acteurs informels structurant et agissant sur la ville, etc... Nous savons que le milieu de l’architecture a un problème, qu’il est constamment isolé et élitiste, mais nous ne voulons plus de ce modèle. Et depuis trop longtemps, nos revendications ne résonnent pas.

En vous remerciant de m’avoir lue, et en vous souhaitant à tous.tes une belle journée.

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