Sur le viol de Théo

C’est une histoire de viol. Comme toujours, les vieux schémas vus et revus, le fort et le faible, les témoins distraits c’est-à-dire apeurés. Le viol c’est pour dire « tout ceci est à moi, c’est mon royaume et j’y règne » (et quelque part aussi « un jour, mon fils, tout ceci sera à toi »). De ce côté où se trouvent l’arrogance, la satisfaction, la puissance hargneuse et égoïste, on se refile de générations en générations les faibles corps pour y régner à sa guise.
Ainsi souvent ce sont les hommes et, plutôt, les pères, les époux, les maîtres, les prêtres, qui dévastent et écrasent leurs filles et femmes, leurs jeunes apprenants et chérubins. Ainsi tout pareil un flic qui dévaste un jeune d’un quartier. C’est l’arrogance du pouvoir obscène et illégitime qui lui aura donné les ailes de cette violence immonde. Aucun mot à la hauteur. J’en vomis.

Et tous ceux tout autour (on nous dira, ne pas les foutre tous dans le même panier), tous ceux tout autour qui n’ont soufflé mot. Qui ne dit mot consent. La vieille histoire des viols avec leurs témoins lâches et muets. Tous ceux qui ce jour-là ont regardé ailleurs le temps de, certainement cela leur était familier quelque part : oui, on viole dans les commissariats, ce n’est plus tout à fait nouveau non plus. C’est le costume du sale pouvoir illégitime qui veut ça.
C’est ce qu’on fait pour marquer ses proies.
Ils ont avec eux un système millénaire où le viol est impuni, ils auraient les boules de ne pas en profiter.

Puissions nous ne jamais nous y habituer : c’est que jamais nous ne nous habituerons à être du gibier.

Comme dans bien d’autres histoires du genre il y a, aussi, l’intimidation (mais, cette fois-ci, d’un président, c’est que l’enjeu doit être lourd) au chevet de la victime : « ce n’est pas vraiment ce que tu as cru », il faut de la nuance. L’accusation de viol devient présomption, peut-être étais-tu d’accord, peut-être n’était-ce pas tout à fait cela (le pantalon a glissé, les mouvements se sont accélérés). Qui s’infligera l’humiliation absolue de venir se déclarer violé, marqué, éventré, par distraction ? Comment comment peut-on maintenir qu’il faudrait requalifier les actes, raconter l’histoire autrement.
Nous tous avons les mots pour dire ce qui nous arrive, nous savons parler, que personne ne s’avise de le faire à notre place.

Je crois que, décidément, nous n’avons pas la puissance de notre côté, ou sinon, comment oseraient-ils. Mais, à voir leurs gueules à en vomir, leurs sales outils et ce qu’ils en font, laissons-leur la puissance qu’appuie le pouvoir pour ne rien faire d’autre que partir en chasse et exhiber leurs plus belles prises. Nous avons mieux.
Car si de leur côté c’est, toujours, la mort (les meurtres, les viols, l’humiliation), nous avons la vie. Et nous savons décider, construire, élaborer des discours quand eux ne sauront jamais assumer rien de ce qu’ils feront, n’étant que les dépositaires de.

C’est pourquoi je crois que nous sommes, d’ores et déjà, les grands gagnants : parce que nous nous rendons responsables d’une vie possible.

Pour finir, messieurs, comme à d’autres avant vous,
Soyez assurés que j’irai cracher sur vos tombes.

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