Thechangebook

Au mois de janvier dernier, nous décidions de signer et de relayer l’appel contre la cession du « point Org »[1]. C’est à cette occasion que nous avions été encouragé.e.s[] à parler de Thechangebook. Et c’est vrai qu’il fallait le faire. Alors on a mis le temps, mais voilà, on revient enfin présenter ce réseau social finalement assez unique en son genre. Un exercice qui aurait pu être facile, si nous ne croulions pas déjà sous les textes de présentation de Tcb ! Qu’est ce qui était urgent à dire, quoi réadapter, quoi zapper... De quoi s’arracher littéralement les cheveux ! Et puis on est tombé sur cette interview de Foutou’Art...

Cette interview que Foutou’Art nous avait infligée en 2016, à laquelle on avait travaillé collectivement, on la retrouve avec émotion en reconnaissant à travers les lignes les personnes qui les avait façonnées et qui, parfois, nous ont quitté.e.s.
Alors on a choisi de vous en mettre quelques extraits ci-après, vous pouvez en lire l’intégralité sur Foutou’Art. Depuis, en effet, le réseau reste fidèle à lui même, droit dans ses bottes.
Avec, en plus :

  • le peertube, qui, lui, permet de contourner un tant soit peu Ytbe,
  • la webradio , et plein de projets sympa auxquels se joindre , ou à relancer , (commeles éphémérides anarchistes qui nécessitent plus de monde). Elle se dote notamment d’une nouvelle émission, une « criée publique » qui sera diffusée à partir du vendredi 3 juillet à 17H, émission quinzomadaire (toutes les deux semaines), et pour laquelle chaque personne qui le souhaite peut envoyer ses textes à crier, ou ses enregistrements, à Radiolutte-Tcb , ou participer comme elle le souhaite.

Interview des bénévoles du réseau social alternatif « TheChangeBook » (Extraits)

Pourquoi avoir créé TheChangeBook ?

(cf détail points communs & différences avec Facebook sur le site de Foutou’Art

L’objectif était de créer un réseau militant, une plate-forme commune inter-mouvements de résistances sociales, économiques, politiques et écologiques.
TheChangeBook ressemble à un réseau social, en a toutes les fonctionnalités, mais à l’inverse de FB, il est non marchand, et sans exploitation des données personnelles (géolocalisation, email, profession, hobbies, préférences) à des fins d’exploitation commerciale.
(...)
Tcb est [...] une webzad, une zone internet à défendre, puisque fragilisée par sa résistance au modèle dominant.
Il permet par ailleurs de s’exercer à la gestion collective, à son échelle, pour, peut-être, participer à la faciliter ailleurs.
(...)
Nous défendons des valeurs humanistes de partage et non de compétition, de solidarité et non de concurrence, d’aide et non d’exploitation, de coopération et non d’individualisme, d’échange et non de monétisation, des valeurs anti-capitalistes, anti-libérales, anti-financières. Notre but est de remettre l’humain au centre de l’intérêt général, et non le profit au centre de l’intérêt particulier.

Un réseau social c’est quoi en fait ?!

Un lieu imaginaire où rencontrer des gens qu’on n’aurait peut-être jamais pu croiser sans lui ?
Plus prosaïquement, le réseau social tel qu’on l’entend aujourd’hui, est un lieu où l’on partage tout et n’importe quoi. Dans ce cas « social » est dénué de sens politique ou éthique. C’est un outil commercial gratuit. Quand c’est gratuit généralement c’est que VOUS êtes le produit à vendre par le biais de vos informations personnelles qui intéressent les industries diverses, du restaurant à la multinationale.
Dans notre cas, nous parlerons d’un réseau militant, ou d’un réseau de militant-e-s. Nous échangeons des informations politiques, économiques, artistiques, nous relayons des informations qui ne sont pas relayées par les médias mainstream ainsi que des actions ou manifestations militantes locales et alternatives au système consumériste et financier.

On sait que Facebook censure certaines images ou propos (…), y-a-t-il également une censure sur TheChangeBook ?

(résumé actualisé)
La charte de Tcb, acceptée lors de l’inscription, est exigeante. Ainsi les propagandes d’extrême droite, homophobe, sexiste, raciste, en un mot xénophobe, n’y ont pas leur place. En raison de son mur unique, la charte se rapproche en quelque sorte d’une charte éditoriale. Les membres de Tcb investi-e-s d’une conscience politique n’envisageraient pas, avant même leur arrivée sur le réseau, de publier quelque chose dont ils n’ont pas vérifié les sources, leurs intérêts, leurs réseaux. Néanmoins, Tcb n’est pas fermé aux personnes qui n’ont pas de formation et/ou de sensibilité politique, et les discussions sont ouvertes. Quand aux liens, vidéos ou images qui entrent potentiellement en contradiction avec la charte, elles sont soit soumises à l’appréciation des autres membres par des échanges publics, soit signalés à l’équipe de modération qui tranche et informe le posteur. Le cas échéant, celui-ci peut décider de supprimer son lien, son image ou son post, ou s’en remettre à la modération.

Pensez-vous que les réseaux sociaux tels que Twitter ou Facebook puissent être dangereux pour nos libertés individuelles ?

A part la géolocalisation et le ciblage personnel de vos publicités, le problème vient d’ailleurs.
Le Net, par l’interaction de tous ses intervenants commerciaux, industriels, politiques, policiers, financiers et administratifs, arrive, en recoupant et agrégeant toutes les informations vous concernant, à restructurer toutes vos informations. C’est le Big Data. On sait tout sur tout de vous. Vos lectures, les musiques que vous téléchargez, les manifs auxquelles vous participez, ce que vous téléchargez ….. tout de tout.
En plus, à l’aide de logiciels spécifiques de repérage de mots clés dans les écrits divers (mails, posts, tchat, SMS, MMS….) on arrive à catégoriser les internautes selon des critères qui nous échappent.
C’est là le vrai danger, qui devrait imposer des technologies telles Tor, VPN ou Proxy, utilisées conjointement d’ailleurs. (+ supprimer tout ce qu’on utilise pas, jeter son smartphone... Mais rien n’est suffisant, en réalité)
Nous ne sommes plus du tout anonymes sur le Web, et notre vie est mise à nu pour qui veut bien la payer pour de multiples raisons.

Comment expliquez-vous aujourd’hui l’essor des réseaux sociaux ? N’y a-t-il pas un risque d’enfermement de ses utilisateurs ? Ou bien est-ce plutôt une incroyable ouverture sur le monde ?

Les deux sont possibles. Si l’utilisation des réseaux sociaux ne se traduit pas dans la vie réelle par des actions militantes ou politiques, le Net seul ne peut pas tout. Il faut associer l’action à la communication via le Net. L’action seule peut rester locale, mais par le biais des outils issus du monde du Libre, elle peut se propager, agréger d’autres luttes et se répandre.
C’est ainsi que le Net peut s’avérer un complément indispensable, à condition de savoir s’en servir et se protéger des yeux et des oreilles indésirables, au moins un minimum.

Sur TheChangeBook on retrouve beaucoup d’informations militantes, en quoi ce « réseau social » peut apporter de nouvelles choses dans les luttes progressives et sociales ?

TheChangeBook permet effectivement à chacun-e de trouver, diffuser et/ou relayer une information militante absente des médias de masse (ou contraints à l’auto-censure par la nature de leurs annonceurs)
Mais plus encore, au sein de la famille des outils alternatifs, que TheChangeBook a rejointe voilà quatre années, il offre les moyens de s’organiser pour mener des actions de terrain quels qu’en soient leurs thèmes ou leur ampleur.

C’est le cadre social et ouvert dans lequel l’utilisation mutualisée d’outils externes tels que Framapad, framadates et de fonctions intégrées comme les salles de conférences virtuelles (Mumble), permettent ou permettront à terme de construire – à grande distance entre les intervenant-e-s – textes, réunions communes, rencontres interactives et autres A.G. décentralisées, et peuvent engendrer des actions de masse communes. Les interactions annexes rendues possibles dans cet environnement, les échanges, notamment autour de documents consultés collectivement, y font aussi progresser les idées, les remettent en question, les peaufinent, les précisent, et les exportent ensuite sur le net.

Par ailleurs, nos combats, qui pourtant se heurtent à un adversaire commun, souffrent beaucoup de leurs divisions systématiques. Sur Thechangebook, pour peu qu’on veuille bien faire l’effort de laisser le prosélytisme, nos idées fixes et notre agressivité au vestiaire, on a une chance d’y réapprendre à se parler, et à se découvrir complémentaires dans notre diversité. Et c’est le résultat auquel on a pu parvenir entre les personnes qui se sont engouffrées dans la gestion collective du réseau.
C’est cela l’enjeu aujourd’hui, sans quoi rien n’est possible : démonter les mécanismes qui nous font perdre énergies et munitions les uns contre les autres, pour les optimiser contre un adversaire dont nous savons tous qu’il nous est commun. Et c’est dans le « faire » que ça devient possible.
Lire l’intégralité de l’interview sur Foutou’Art

Récapitulatif des outils de Thechangebook

  • un serveur vocal permettant les réunions décentralisées,
  • des outils collaboratifs (pads, tableurs partagés, mindmaps…)
  • un tchat individuel et des salons de discussion privés ou publics
  • des profils individuels
  • un mur commun unique à partager en bonne intelligence
  • un agenda regroupant les événements postés par chacun-e des membres du réseau
  • une architecture centrale de forum pour les besoins du réseau
  • des pages et/ou groupes disposant chacune de leur propre agenda, albums photos, tchat, album musical, et surtout de leur propre forum de discussion.

Notes :

[1] ça s’est bien terminé pour le point org, il n’a pas été privatisé :)
[2] Sur Paris-Luttes , ou nous avons initialement publié le présent l’article.

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