Sorti en mars 2018, le livre de Mickael Correia s’attache à nous faire découvrir cet « autre football », loin du « football buisiness », des instances traditionnelles surpuissantes et des joueurs-supports publicitaires. Loin mais toujours en contact et donc en conflit avec cette industrie.
Ce livre est l’almanach de la contre-culture footballistique, nous faisant parcourir son histoire par « le bas » depuis les débuts du football jusqu’à aujourd’hui. Il est découpé en vingt-deux chapitres qui parcourent la lutte du pauvre au sein de ce sport : les combats menés dans les stades, dans les terrains et tout autour pour son émancipation.
Différents aspects de la résistance sont abordés : on peut citer comme exemple les supporters du AL Ahly SC rompus au combat de rue et luttant en première ligne place Tarhir pendant la révolution égyptienne, réussissant à mettre pleinement en échec la police :
Je n’étais qu’un esclave du système
et quand la révolution a éclaté,
Nous avons pris toutes les rue du pays,
Nous sommes mort pour la liberté,
et pour que tombent les tête corrompues,
Nous ne sommes pas près d’abandonner, car ce régime
continue de frapper.
Les chiens de la police et de l’injustice sont omniprésents.
Ou encore celui des joueurs de foot algériens luttant contre le colonialisme et pour l’indépendance de leur pays en créant une équipe du FLN : certains joueurs franco-algériens refuseront de jouer pour la sélection francaise. Il parle de la créativité des joueurs du Corithians pour contester la dictature Brésilienne ; ou enfin des autoréductions de stades des supporters du Sparta de Moscou.
C’est la résistance au football, capitaliste et autoritaire, et au monde dont il n’est en fin de compte que le reflet. Certains récits sont ceux des victoires, d’autres ceux des défaites. Comme n’importe quelle lutte finalement.
Le livre aborde encore bien d’autres histoires souterraines du football : en Palestine, en Allemagne, au Mexique, en Italie, en Espagne...
Tifo des supporters du club africain face au PSG en 2011 (Créé par les pauvres, volé par les riches).
Le côté technique n’est pas laissé de côté : la naissance du dribble est une belle démonstration du combat entre la bourgeoisie et les classes populaires. Les afrobrésiliens souffrant bien trop de fautes non sifflées par cette même bourgeoisie blanche inventent donc le dribble pour pouvoir éviter les tacles assassins. Chaque aspect du football semble plus politique qu’il n y parait.
Ainsi né au Brésil, ruse et technique de survie des premiers joueurs de couleur, le dribble leur évite tout contact avec le défenseur blanc. Le joueur noir qui ondule et chaloupe ne sera pas rossé sur le terrain ni par les spectateurs, à la fin de la partie, personne ne l’attrapera, il dribblera pour sauver sa peau.
Le livre nous met en perspective les luttes connues et moins connues qui ont traversé ce sport, dans des tentatives de bouleverser le monde, mais toujours en étant en fin de compte le miroir de la société. Ces mêmes combats se sont parfois cantonés aux tribunes et dans les rares moments historiques où ils ont réussi à dépasser les coursives, ils ont parfois joué un rôle décisif pour le reste de la société.
Cette histoire est très loin d’être terminée...
Mickaël Correia
416 pages – Éditions La Découverte – Paris – Mars 2018
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