Le président de la république qui (on nous l’apprenait en cours d’éducation civique) est avant tout le chef des armées, accède à la présidence pour mener l’état de guerre à sa manière, avec ses stratégies et ses priorités. Il serait grossier de soutenir que rien ne distinguait les différents candidats : ils représentent et défendent une histoire politique, un modèle de société. Mais assumer la présidence de l’état, c’est assumer la guerre. Le système centralisé ne sait pas faire autrement pour exercer et défendre son pouvoir. Exercer son pouvoir, c’est attaquer. Le déploiement policier et militaire à l’œuvre n’est pas le signe que le pouvoir est ébranlé, c’est l’exercice du pouvoir seulement.
Pourquoi sont-ils allés voter ? La bourgeoisie raisonne en terme d’intérêts directs et cherche à se placer au mieux, les classes moyennes tombent dans le panneau de la progression sociale et cherchent qui défendra le mieux leurs intérêts, le prolétariat n’a pas vraiment d’intérêt, c’est juste de la survie, il sauve sa peau.
C’est pourquoi nous écrivons, nous menons des réflexions (dans des journaux, à la radio), c’est pourquoi nous ouvrons et tenons des lieux (restaurants, bibliothèques, fermes, lieux culturels, etc.), c’est pourquoi nous défendons les espaces où nous vivons (la ZAD, des squats, des villages et des quartiers). Nous ne voulons pas survivre. Nous voulons vivre.
A la différence de l’état, l’expression de notre puissance, ce n’est pas la guerre. Nous ne sommes pas une armée. Nous attaquons par nécessité, nous choisissons nos cibles et nous savons ce que nous exigeons d’elles. Pour le reste, déployer notre puissance, c’est mieux nous connaître pour nous tenir plus solidement les uns aux autres, c’est approfondir ensemble nos réflexions et multiplier nos ressources, c’est rendre nos lieux pérennes pour mener à bien nos projets et nous donner du temps, de l’espace, c’est être de mieux en mieux capable d’assumer notre vie. A la différence d’un parti, nous ne faisons pas de recrutement ni de promesses, nous ne cherchons pas l’hégémonie ni la victoire. Nous cherchons à nous entourer toujours un peu plus et un peu mieux.
Là où nous sommes, plus nous devenons puissants plus nous destituons le pouvoir, et mieux nous le tenons à l’écart mieux nous rendons sa politique de guerre inopérante à notre endroit. Il ne s’agit pas de donner l’exemple et nous n’avons pas vocation à inciter, propager la bonne parole ; nous deviendrions à coup sûr des communicants.
C’est en assumant la part de lutte, en connaissant la violence de l’ennemi, que nous disons : nous voulons une belle et longue vie et nous aimons partager.
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