Hiver ardent à Bruxelles (suite)

« La fête de l’Avent est la fête de l’attente et couvre les quatre semaines qui précèdent Noël. Certaines familles commencent la fête dès le 11 novembre et pour six semaines jusqu’au jour de Noël » est-il conté sur ce moment de l’année.

HIVER ARDENT A BRUXELLES (suite à « Un soir de novembre pas ordinaire » par « des incontrôlables » 28 novembre 2017)

« La fête de l’Avent est la fête de l’attente et couvre les quatre semaines qui précèdent Noël. Certaines familles commencent la fête dès le 11 novembre et pour six semaines jusqu’au jour de Noël. » est-il conté sur ce moment de l’année.
Ces kids qui se l’ont donné à Bruxelles n’ont donc pas trop attendu pour la réaliser, les 11, 15 et 27 novembre, mettant la police en échec à trois reprises, ébranlant le pouvoir de l’Etat. Ils ont su créer des situations où la peur a changé de camp. En ces moments contagieux de l’heure de la révolte, là comme ailleurs, on n’est plus seul dans la ville !

Quelques éléments de l’ambiance bruxelloise ordinaire

Quartiers truffés de caméras de surveillance ... Centre-ville où seule la marchandise (souvent de luxe) parle ... Isolement de chacun ... Construction de nouveaux centres fermés pour sans-papiers raflés ... Contrôles au faciès ... Expulsions/surveillance serrée des squats ... Quadrillage policier des quartiers (notamment Anneessens, Molenbeek) ... Aménagement urbain anti-vie ... Humiliations/harcèlement/« bavures » de la part de la police vis-à-vis d’ « un certain type de jeunes »... Métro-boulot-dodo ... Désert relationnel ... Depuis février-avril 2017, durcissement de la loi (double-peine) pour l’expulsion des étrangers suspectés de « menaces contre l’ordre public » ... Gentrification de quartiers ... Usage policier d’autopompes-matraques-flashballs-grenades ... Insultes récurrentes en une de la presse à l’égard de jeunes qui se retrouvent intrusés-identifiés comme « ennemi/racaille/sauvage/communautariste/assimilé » ...

Nasse/filmage le 1er novembre par les flics anti-émeutes des manifestants contre la loi anti-squat près de la Porte de Hall après qu’ils aient quitté la Place du Jeu de Balle ...
Rien là, somme toute, que des choses qui nous sont si tristement familières, non ?

Et voilà que ça grippe ... C’est la nature même de la police qui amène à l’émeute !

Faut dire que, à force de subir tout cela, la colère couvait !
Alors quand le 11 novembre des familles se rendent place de la Bourse pour fêter cette victoire de foot du Maroc et se font provoquer par la police, aussitôt c’est « ... l’étincelle qui suffit pour allumer le feu, laisser derrière toutes les peines, se libérer des chaînes, faire danser les diables, vouloir la fête et les rires ... »
(Johnny !!!), ça en est fini soudain de l’atomisation et les kids se la donnent dans tout ce quartier, voué habituellement par les possesseurs de ce monde à une toute autre sorte de tourisme !

Faut dire que, à force de se ramasser ces infamies, la révolte saillait !
Alors quand le 15 novembre le youtubeur Vargasss92 ayant appelé à un de ses rassemblements, et la police décidant d’en prendre, à sa douce manière légendaire, le contrôle sur la Place de la Monnaie, de nouveau des kids en nombre décident de se payer illico sur la bête, dévastent ce quartier de commerce, « ... font à la mort des pieds de nez, luttent contre la vie qu’on leur fait mener, rient de cette nuit qui passe, vivent tous les moments qu’ils ont rêvés de vivre, luttent contre les mots faciles et contre la haine des imbéciles, rock’n’roll attitude ... » (Johnny encore !!!)

Faut dire que la révolte c’est contagieux, d’autant plus que, en rajoutant à l’ignominie le 18 novembre, des flics de la BAB - Brigade Anti-Banditisme - attaquent, en civil, sans brassards donc non-identifiables comme flics, à coup de fusil flashball FN303, des sans-papiers en cours de déménagement vers un lieu pourtant autorisé par leur commune ...
Alors quand une manifestation se termine le 25 novembre sur la riche avenue Louise, voilà que, passant outre la présence très filmante et violente de la police anti-émeutes et la consternation des organisateurs, les kids s’en prennent à nouveau au décor mortifère et, sans chercher à l’interpréter, le transforment en le ravageant.

Les révoltés de Bruxelles ont commencé à faire et à vivre cet hiver ardent lors de ces trois soirs, créant des moments autres en ce monde invivable, des moments qui bouleversent la domination.
Pour certains d’entre eux, les voilà inculpés (souvent sans preuve) et, repérés, se trouvent évidemment confrontés à cette situation délicate et trop connue d’eux où « ... on me recherche, mon visage et mes empreintes sont diffusés chaque jour par des gendarmes qui pointent leurs sales gueules aux carrefours, la seule vue de mon passage ferait boucler toute la contrée ... » (Johnny toujours !!!)

Ils ont su jeter le trouble dans tous les rangs des gens de pouvoir et de la domination.

Ceux dits de la droite extrême, les Jan Jambon et autres Théo Francken du N-VA, qui flirtent publiquement avec l’extrême droite et qui déclarent « ... Des jeunes s’infiltrent dans des événements pour créer du grabuge ... Il y a un système derrière tout ça, il devra être mis à nu et démantelé ... Ces sont les ramifications d’un cancer qu’il faut éradiquer ... » - se rendent-ils seulement compte de ce qu’ils profèrent là ? - réclamant 10 000 caméras de surveillance (au lieu des actuelles 1500), plus de flics et de juges ...

Ceux de la police qui, tel le syndicat SLFP, crachent le 26 novembre « Les jeunes doivent à nouveau avoir peur de la police ! »

Ceux qui s’affichent comme socialistes, tels le bourgmestre (maire) de Bruxelles Phlippe Close ou celui de Saint-Josse Emir Kir, soutenant l’action de la police, demandant 400 flics et 40 juges de plus, justifiant l’interdiction à deux reprises aux « pacifiques » de Campagne Stop Répression de manifester les 28 novembre et 2 décembre ainsi : cela « ... aura un effet incitatif sur les personnes ayant de mauvaises intentions, ... il est possible que cette manifestation se transforme également en émeute constituant un danger pour les riverains, les passants et les policiers ».

Ceux des multiples journaputes qui claironnent discours et mensonges de guerre anti-pauvres, anti-grévistes, anti-immigrés, anti-jeunes, anti-sans-papiers, anti-belgo-marocains, anti-musulmans,
du genre « Appels à une répression dure », « D’abord punir, et puis discuter », « Il faut une prise en charge musclée. »

(Les vaines « solutions » de tous ceux-là résident dans une surveillance accrue et plus fine des réseaux sociaux, dans une coordination plus ferme des plans de sécurité de la circulation, dans la mise en route d’une Ecole Intégrée des métiers de la Sécurité, sans négliger « investir dès la crèche pour l’éducation » ...)

Les émeutiers ont bien embarrassé aussi les rangs (imprégnés également de pouvoir et de domination) de ces « pacifiques » regroupés dans la Campagne Stop Répression qui - malgré leurs gages de bonne conduite avancés : « Dans le contexte actuel, il est essentiel de rappeler que pour la sécurité de tous, il est indispensable que ce rassemblement se déroule dans le respect et sans provocations. Par ailleurs, nous espérons sincèrement que la police pourra faire de même et respecter notre droit à manifester en se faisant discrets comme ils peuvent le faire lors d’autres événements .../... on espère qu’ils ne se montreront pas car ça représenterait encore une provocation alors même que l’on manifeste notre indignation de l’omniprésence de la police dans les quartiers et son rôle ainsi que son comportement qui sont à la base du problème. » - en sont arrivés (suite aux deux interdictions de manifester par Close, maire de Bruxelles) à organiser ... une balade avec ballons multicolores et petits papiers.
(Ceci n’est pas sans rappeler ce que disaient et faisaient à Rouen, en mars 2017, les organisations politiques et syndicales « responsables » regroupées dans le Collectif de Défense des Libertés Fondamentales lors des manifestations en riposte contre le viol de Théo ... (cf. « Retour sur le mouvement de soutien à Théo sur Rouen » 18 mars 2017)

Sans doute ce cher vieux Günther Anders n’a pas été entendu d’eux quand il écrivait, lors de ses 85 ans, à propos de nos ennemis : « ... Puisqu’ils nous terrorisent en permanence, ils pourraient bien se retrouver à leur tour intimidés en permanence et devoir sans cesse se tenir sur leur garde - tous, sans exception, et dans un ordre imprévisible ... » (« Une contestation non-violente est-elle suffisante ? » mars 1987, dans « La violence : Oui ou Non, une discussion nécessaire » éd. Fario, 5/2014)

En Belgique aussi se prépare l’hiver ardent.
« Qui plante en Avent, gagne une année sur le temps » dicton

" S’il vous faut tout ce sang pour jouir à vos fêtes
Sacrifiez les enfants fusillez les poètes ...
Kill the kid ... Kill the kid ...
" H.F. Thiéfaine 1990

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