Bolsonaro, destruction des terres et assimilation des peuples en Amazonie

Bolsonaro a présenté le 5 février dernier un projet de loi visant la vente des terres indigènes aux industries d’extraction, pas vraiment une surprise de la part du président Brésilien, mais le manque de réaction en reste une. Cette annonce est bien plus importante écologiquement que les récents incendies, tant le caractère irréversible semble condamner à un fin certaine les peuples et leurs terres, sachant que l’un ne va pas sans l’autre.

Les chiffres officiels de la déforestation dans la forêt amazonienne viennent d’être rendus publics cette semaine : + 108 % ce mois-ci en comparaison à janvier 2019. 280 km² ont été déboisés, constituant ainsi un record absolu. Le projet de loi visant à vendre les terres indigènes aux industries extractives vient d’être déposé au congrès brésilien, constituant ainsi une des plus grandes offensives sur l’un des derniers fronts pionniers du monde, logique de la politique bolsonariste. A noter que ces projets de loi s’appliqueront également sur les terres des indiens dits « isolés », qui ne sont jamais rentrés en contact avec « la civilisation ». Le projet tant à rendre exploitable aux industries minières, pétrolières, gazières mais aussi de l’énergie électrique (par la construction de barrages).

Pour rappel :

Au Brésil depuis 1988, il est entendu que les terres, les langues et les modes de vie des peuples autochtones ne constituent pas une menace pour une certaine souveraineté nationale. Il était également entendu que là où il y avait ces gens, la faune et la flore étaient plus diversifiées et mieux préservées, y compris les méthodes d’agriculture et de chasse garantissant la vie des êtres humains sans supprimer les possibilités de rénovation des sols ou la capacité de reproduction des espèces. Il est donc devenu évident que ces peuples, ainsi que leurs terres, devraient plutôt être protégés, principalement de l’action de l’État-capital lui-même [1]

Le gouvernement brésilien mène des actions qui visent à restreindre le pouvoir des organismes gouvernementaux de protection de l’environnement chimériques, en enlevant une autonomie d’action. Notamment celle de l’IBAMA [2] (l’institut brésilien de l’environnement) qui n’aura plus de pouvoir de contrôler la déforestation ou de la réprimer.
Quant à la FUNAI [3] (Fondation Nationale de l’Indien), l’organisme qui s’occupe depuis la fin de la dictature de la protection des indiens, et qui depuis toujours a une politique de non contact avec les indiens « isolés » par exemple, il vient d’être placé à sa tête le pasteur évangéliste Lopes Dias, qui mena pendant dix ans des missions d’évangélisation auprès des tribus indigènes. La FUNAI devient un organisme anti-indigène, qui mènera des missions de conversion, et d’acculturation. A titre de comparaison, il n’y avait pas de politique d’évangélisation sous la dictature militaire brésilienne qui cherchait à chasser les indiens de leurs terres mais pas à les convertir.

Bolsonaro revient avec le discours de l’extermination immatérielle : assimilation de l’indigène au Brésil. (Discours d’effacement de ces existences pour garantir l’existence de deux abstractions : la nation brésilienne et le peuple brésilien). En les rendant uniquement brésiliens, ils auraient tous les droits des Brésiliens, surtout celui de vendre ce qui leur appartient, c’est-à-dire leurs terres.

 [4]

Le peu de protection que permettaient la constitution et les lois brésiliennes extrêmement précaires sont en train de disparaître au fur et à mesure de l’avancée du mandat de Bolsonaro, peu importent les traités internationaux et les autres lois protégeant les indiens : finalement tous les signes semblent montrer que la fin des terres d’Amazonie et des peuples indiens est inéluctable, dans la mesure où ils en sont les protecteurs de toujours et sûrement les derniers et où les terres sont l’ultime rempart à leur acculturation.

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