Depuis deux heures maintenant, la manifestation « Gilet Jaune » a fini son ronron habituel des douze actes précédents, et a décidé que puisque rien ne s’obtenait par la présence répétée, nombreuse et dynamique aux samedis, maintenant derrière nous, il fallait commencer une nouvelle phase du mouvement.
Ça fait douze semaines qu’on tourne en rond, on n’aura rien comme ça !
Il faut attaquer là où ça fait mal, le portefeuille...
Ou alors tout casser comme en 68, eux ils avaient eu 35% d’augmentation du smic !
Une à une, les vitres des banques commencèrent à sauter, un à un, les distributeurs commencèrent à brûler.
Le samedi, c’était le seul moment où tout le monde était réuni. Il fallait en faire quelque chose. Une idée, petite, avait commencé à tourner : « rendons inopérants tous les distributeurs de centre ville ».
C’est la misère qui avait lancé le mouvement, elle allait changer de camp.
A 14h, comme une seule femme, tous les Gilets Jaunes venus pour la manifestation s’étaient dirigés vers la rue Jeanne d’Arc. Aucun cordon de flics n’était plus assez fort pour retenir une telle détermination. On n’était plus dans l’hystérie, mais bien dans le choix volontaire de dépasser les craintes qui avaient été d’aller trop loin, de taper trop haut. Il n’y avait plus, à ce moment-là, de trop haut. Nous n’étions pas entendus, une tranquille habitude avait été prise le samedi de nous regarder passer. Nous allions attaquer. Une à une, les vitres des banques commencèrent à sauter, un à un, les distributeurs commencèrent à brûler. Une euphorie et une légèreté habitaient chacun des manifestants.
En fait, on aurait dû faire ça depuis longtemps !
Il est maintenant 21h, la police épuisée, débordée, défaite, a quitté la ville. Une assemblée s’organise spontanément sur la place de l’hôtel de ville. Qu’est-ce qu’on peut attaquer demain ? Où est-ce qu’on s’installe ?
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