Les bateaux de croisière sur la Seine, amarés quai du Havre, comptent de plus en plus souvent un golf, un piano, un bar... Cette élite internationale qui est capable de se rendre aux 4 coins du monde à la recherche d’un dépaysement sera toujours à la recherche de nouveaux espaces où consommer. Car le touriste revient rarement deux fois au même endroit : chaque année il veut repartir à « l’aventure ». Le littoral du monde entier a été submergé, détruit par cette logique.
Ce sont maintenant des villes comme Rouen qui se trouvent envahies par ceux qui recherchent ce qui est « préservé » ou « authentique ».
La ville alors risque de se privatiser un peu plus, les habitations devenir petit à petit des commerces, tel airbnb, chaque espace devenir une marchandise. La ville devient un gigantesque cliché normand, enfermée dans des traditions qui ne sont plus les notres depuis fort longtemps. Qui mange encore du canard au sang à la Rouennaise ? Les touristes. Un décor, de plus en plus artificiel, se dresse dans les rues pour permettre au selfie d’advenir dans un environnement totalement sous contrôle. Mais c’est l’environnement lui-même qui produit ce contrôle.
Quant à l’économie de la ville, elle se tourne essentiellement vers cette activité, en créant une dépendance quasi-irreversible au tourisme. Activité pourtant construite de toute pièce par la ville, les entrepreneurs et autres aménageurs du territoire. Si vous avez du mal à le croire, allez faire un tour sur ce site de la métropole :https://www.rouennormandyinvest.com
On peut y trouver ce genre de vidéo, qui montre comment optimiser économiquement le centre de Rouen en en faisant un espace de centre commercial à ciel ouvert :
On trouve aussi des articles sur les rendez-vous business pendant l’Armada avec les acteurs internationaux et nationaux qui voudraient investir dans la capitale normande. L’Armada est une vitrine pour attirer de nouveaux investisseurs. Il y a alors eu nécessité de relooquer la ville en vitesse cette année. On voit les arrêts de bus changer de noms et devenir des étapes du parcours touristique : « Pasteur » devient « Panorama XXL », « JeanAngo » devient « Luciline »...
Les collectivités territoriales et la métropole soutiennent aujourd’hui le tourisme de masse dans notre ville, il n’y a plus à en douter, enfermant la ville dans une économie fragile qui dépend des flux, amenant à des projets controversés comme le « contournement est », la nouvelle gare. On pense aussi à la construction d’attractions inutiles, d’un goût douteux, comme le panorama XXL.
Il s’agit de créer une ville-musée, commerciale.Vidée petit à petit de ses habitants par des logements de location de vacances et autres habitats secondaires.
L’industrie touristique s’appuie sur de vrais points forts de la ville pour attirer un grand nombre de personnes : sa culture locale ou sa qualité de vie par exemple, tout en la détruisant dans le même temps.
Quand l’industrie aura fini de la détruire, alors elle ira voir ailleurs.
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