Nous connaissons tous les problèmes de cette moitié de l’humanité : violences de genre, différences salariales, partage inéquitable des tâches ménagères…
Attendez une seconde ! Avez-vous ressenti, lorsque vous avez lu « nous connaissons tous », une légère fatigue ? Voire même une petite envie d’arrêter de lire ? Si « nous connaissons tous », alors à quoi bon en parler ? Il semblerait que la lutte pour les droits des femmes en Occident soit dominée par ce qu’on pourrait appeler le syndrome du « nous le savons déjà », qui nous invite d’un côté à tourner vite les pages, et de l’autre à investir notre indignation dans ce qui se passe dans d’autres cultures – car dans la nôtre, « nous le savons déjà », nous avons déjà beaucoup avancé. C’est ainsi que ceux, et surtout celles, qui résistent et persistent à dénoncer les injustices que subissent nos concitoyennes sont facilement censuré-e-s parce qu’ils/elles s’obstinent à nous dire juste ce que « nous savons déjà ».
ELLE ET MON GENRE propose un regard sur la réalité des femmes. C’est, certes, le regard d’un homme, blanc en plus, hétérosexuel en principe, avec un passeport européen, résident belge et de surcroît catalan ! Mais ce regard, mon regard, est comme mon identité, toujours à la merci de l’empathie, car si je suis Alberto Garcia, il m’arrive d’être Salvador Allende, il m’arrive d’être Palestinien, ou d’être noir, Indien ou homosexuel, il m’arrive d’être le jeune homme qui cherche son premier emploi, l’handicapé devant un ascenseur en panne, la femme agressée qui cache un bleu derrière une mèche de cheveux et je serai toujours Hiroshima et Auschwitz. Dans ce sens, et même s’il appartient en premier lieu aux femmes d’être les architectes de leur propre « libération », je suis les femmes, nous sommes les femmes. Les injustices qu’elles subissent sont ancrées dans les tripes de l’humanité entière, elles sont « nos » injustices et nous, hommes et femmes, ne pouvons pas y être indifférents, puisque la lutte pour les droits des femmes est intimement liée à la lutte pour les droits de l’humanité.
Si l’on considère l’histoire de l’Occident, on voit que les droits des femmes ont beaucoup avancé, c’est indéniable. Mais ces droits sont terriblement fragiles et nous nous devons d’avoir toujours bien présents à l’esprit les propos de Simone de Beauvoir :
« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant ».
Elle et mon genre
Le 8 octobre 2019 à 20h00
Théâtre en Seine
10 Place du Général de Gaulle
76480 Duclair
Pour plus de renseignements, vous pouvez aller ici.
Compléments d'info à l'article