Ça commence par un entretien d’embauche pour un boulot de vendeur en télémarketing qui se présente bien, puis très mal mais qui va fonctionner. Parce que c’est pour entrer dans un monde où l’intérêt n’est pas d’être qualifié, de correctement se vendre, mais juste d’être là et d’exécuter les tâches à exécuter. Où on fait le job ou on dégage.
Un travail symbole de l’époque, ça va vite, c’est humiliant, c’est abrutissant.
Ça part de l’idée de sortir de la misère quotidienne, d’abord comme on peut puis en grand, se laisser happer par le confort matériel, la sécurité de ne plus errer.
Jusqu’à se cacher le support macabre sur lequel on se fait de l’argent.
Le film va loin, parfois on se dit que non quand même, c’est s’engager sur un terrain glissant : on transforme les esclaves humains classiques en bête de somme pour un travail plus efficace. Littéralement. Mais en fait ça ne va jamais trop loin. Quand il caricature l’esclavage du monde moderne, c’est finalement assez fin. Parce que ces bêtes de sommes finissent aussi par s’organiser.
C’est une comédie pas si drôle, parce que les ressorts comiques sont justement dans ce que notre époque a de tragique : la misère, ce que chacun est prêt à faire/dire/donner pour en sortir. Ce que ceux qui ont le pouvoir mettent en place pour l’entretenir.
Mais on en ressort boosté, le sourire aux lèvres : il n’y a aucun renoncement, et le retournement est jubilatoire.
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