Des projets de nouvelles autoroutes, le pays n’en manque pas. De luttes organisées contre ces mêmes projets, non plus : pour ne prendre qu’un exemple, le projet de contournement Ouest de Strasbourg vient de connaître une offensive de l’Etat qui a évacué les 150 opposants de la ZAD du Moulin pour que le concessionnaire de la future autoroute puisse commencer les travaux de déboisement au plus vite. Ce concessionnaire n’est autre que la société Vinci. A Rouen, l’opposition contre le projet contre la liaison entre A28-A13 existe depuis longtemps.
La ministre des transports a annoncé mercredi 12 septembre ses priorités, parmi lesquelles ce projet de contournement-est mais également un autre projet contesté : celui de la ligne tgv entre Rouen et Paris. Ce dernier s’accompagne de l’aménagement d’une nouvelle gare rive gauche pour redynamiser le quartier Saint-Sever, jugé vieillot, gare qui desservirait la Défense en 50 minutes. La zone, rebaptisée « Saint-Sever Nouvelle Gare », est destinée à être le premier quartier d’affaires de la métropole avec 300 000 m2 de bureaux prévus. La Matmut a déjà commencé à investir, à acheter et à construire. La transformation de la ville est donc déjà bien entamée.
Ses déclarations n’ont pas d’impact sur l’opposition au contournement Est : rien n’est joué malgré la déclaration d’utilité publique signée par l’ancien ministre de l’écologie Nicolas Hulot (que certains osent pleurer). Elles peuvent sembler ouvrir un peu plus la voie au monstre de béton mais l’Etat doit se rendre propriétaire des 516 hectares concernés. Or, la moitié sont des terres agricoles. Tous ces terrains devront être expropriés (achetés) et ce, après le rendu des recours légaux. Le pronostic de M. Adam, ancien spécialiste en marketing et accessoirement membre de La République En Marche qui prévoit la fin des travaux pour 2022 semble donc plus qu’optimiste.
Dans des situations semblables, comme à la Zad de Notre-Dame-Des-Landes, lorsque l’Etat a donné une impulsion afin d’accélérer un projet, l’opposition a, elle aussi, su s’organiser. L’enjeu est là : prendre l’organisation d’une opposition forte au sérieux et mettre de l’énergie dedans.
Il y a quelques années, le collectif “Mauvaise Troupe” écrivait dans un petit livre intitulé Défendre la zad :
Nul ne peut prétendre être insensible à la peur, aux doutes et à la fragilité qui nous traversent en de telles circonstances. Mais il est un moment où éclôt la certitude partagée que s’il existe la moindre chance – si infime soit-elle – de pouvoir peser sur la situation dans laquelle nous sommes pris, alors il faut la saisir. C’est cette certitude qui repousse les limites face au manque de sommeil, à l’humidité, à la boue et aux munitions policières. Il s’agit de relever la tête et d’accepter que résister, c’est toujours un coup de dés.
Depuis, le projet d’aéroport a été abondonné et la France a vu fleurir d’innombrables oppositions. Ces oppositions ont parfois réussi à renvoyer ces grands projets là d’où ils viennent : dans la tête de quelques mégalos, prétextes à enrichissement personnel et destructeurs. L’objectif est donc qu’ils restent en l’état, des idées abstraites et jamais réalisées.
Des opposants au projet de Contournement Est de Rouen.
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter la page Facebook : Non à l’autoroute A133-A134 :
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