Identifiés à la suite de l’attaque du Parlment (à la peinture) le 21 mai dernier en soutien à Dimitris Koufontinas, un camarade incarcéré à perpétuité en grève de la faim, les deux activistes doivent rassembler à eux deux 60 000 euros avant le 14 juin, sans quoi ils passeront 10 ans derrière les barreaux.
Le premier ministre et la Justice tente une fois pour toutes de mettre hors d’état de nuire Giorgos Kalaïtzidis, co-fondateur de ROUVIKONAS [1] et Nikos, tous deux membres du même groupe et fameux résistants en Grèce. En effet, tous deux sont poursuivis non pour un délit, mais cette fois pour un crime. En exhumant une vieille loi sur la protection des monuments historiques de grande valeur – loi quasiment jamais utilisée, destinée à l’Acropole ou à Delphes – le pouvoir a trouvé le moyen de piéger nos camarades qui faisaient jusqu’ici toujours attention à ne pas franchir cette frontière juridique en matière de qualification. Résultat : Giorgos et Nikos risquent 10 ans de prison fermes et se voient demander un dépôt de garantie gigantesque de 30 000 euros chacun (60 000 euros en tout) à régler avant le 14 juin [2], c’est-à-dire trois semaines avant les éléctions législatives. La volonté d’instrumentaliser la loi pour parvenir à enfermer au plus vite plusieurs membres très connus du groupe et offrir un spectacle médiatique retentissant est claire.
Le durcissement de la répression contre le groupe (dont la dernière peine en avril s’élevait à 3000 euros soit dix fois moins) est une des manoeuvres d’instrumentalisation de l’opinion publique dans le contexte actuel. Dans la foulée des élections européennes et locales, Tsipras vient de provoquer des élections législatives anticipées et va jouer sa place le 7 juillet, en tant qu’outsider face à la droite. Le centre droit du spectre électoral déteste Exarcheia, les anarchistes et autres révolutionnaires, et s’apprête à faire passer Mitsotakis, le chef de la droite, pour « évacuer Exarcheia en un mois » et « emprisonner les bandits rouges et noirs ». Depuis deux mois, Tsipras frappe tout ce qui fait horreur à la droite et gagne ses lettres de noblesse en matière autoritaire : six squats de réfugié.es évacués, le quartier d’Exarcheia quotidiennement harcelé par sa police, une émission de télé sur le quartier en prime-time qui annonce sa fin proche, le prisonnier politique Koufontinas brutalement privé de ses permissions de sorties surveillées pour voir son fils, et maintenant Rouvikonas sur le point d’aller en prison.
Cette attaque contre la résistance en Grèce est sans doute la plus frontale depuis l’arrivée au pouvoir de Tsipras. Car nul groupe n’a autant résisté ces dernières années que Rouvikonas : quotidiennement, avec courage et persévérance, tel un sérum contre la résignation. Cette résignation qu’avait justement provoquée Tsipras. Presque tous les jours, on a entendu parler d’anarchie et de résistance dans les JT et dans la presse. Presque tous les jours, de plus en plus de gens se sont dit que rien n’était terminé.
Soutien à Giorgos, Nikos et tous les membres de ROUVIKONAS.
Appel à des actions de solidarité partout hors de Grèce, comme cela vient de se produire avant-hier soir devant l’ambassade de Grèce à Paris.
Appel à soutien financier pour celles et ceux qui le peuvent ou, à défaut, à faire au moins tourner cet appel. Même si nous ne réussirons sans doute pas à empêcher l’emprisonnement de Giorgos et Nikos, d’autres membres du groupe pourront au moins échapper à d’autres sanctions moins lourdes et continuer la lutte.
Vive l’Anarchie, vive Rouvikonas !
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